Scierie Gaiffe : une histoire de famille
Diriger une entreprise familiale et ouvrir son capital n’est pas incompatible. La scierie-raboterie industrielle et familiale Gaiffe nous raconte son histoire.
Tout commence en 1965 quand Claude et Régine Gaiffe achètent une scierie à Jussarupt dans les Vosges. C’est ensuite au tour de Yves, l’un des enfants du couple d’entrer dans l’entreprise. Son rôle est de développer tout le segment de la deuxième transformation du bois ; c’est-à-dire l’étape qui consiste à sublimer la matière première. Enfin, ses enfants, Jérôme et Arnaud rejoignent l’aventure familiale. Ils sont la troisième génération.
L’entreprise croît. Les membres de la famille Gaiffe observent le développement de leur entreprise. Ils constatent aussi qu’ils sont limités dans la transformation de leur propre bois, celui de la forêt des Vosges. Ils vendent ainsi jusqu’à 60 000 mètres cubes de produits transformés par an avec 95% de bois issus de l’importation. Pour eux, ce n’est pas satisfaisant. Dans le même temps, l’outil hérité de la génération des grands-parents vieillit et ne permet plus d’avoir de bons rendements.
Yves, Jérôme et Arnaud se retrouvent désalignés dans leurs valeurs et leurs envies. Ils sont face à un choix : soit ils modernisent leur outil de travail en investissant massivement, soit ils arrêtent une partie de leur activité, celle de la première transformation du bois. C’est-à-dire l’activité de scierie qui consiste à transformer un arbre en planches, poutres ou tasseaux.
Abandonner leur ADN de départ ? C’est impensable. Alors, il leur reste à faire cheminer cette idée d’investir dans une machine plus adaptée. Seuls, c’est impossible. Pour cela il faut que les Gaiffe ouvrent leur capital à des partenaires financiers . Voici le point de départ de leur réflexion.
Toutefois rien n’est acquis. Ouvrir son capital c’est faire entrer un inconnu dans sa maison : rien de plus incongru pour une entreprise familiale. Ce n’est pas simple à envisager. Alors les membres de la famille Gaiffe mûrissent ce projet. Pendant de longs repas dominicaux chez les Gaiffe, on pèse le pour et le contre. Puis, au bout de plusieurs mois, c’est la rencontre avec l’équipe de gestion qui les décide à finalement passer ce cap.
Tout de suite, ils ressentent le côté humain et la grande disponibilité de l’équipe. Ils se sentent accompagnés et ils trouvent non seulement de l’investissement financier mais aussi et surtout des partenaires qui ont travaillé en amont et qui connaissent le dossier. À chaque étape, ils sont présents pour monter avec eux les business plan, assurer les rendez-vous auprès des banques … La famille Gaiffe est rassurée, elle a trouvé un partenaire de confiance.
Se sentir écouté et compris a été décisif. Depuis, ils répètent à ceux qui les interrogent sur ce choix stratégique que oui, ils ont pris le temps de la réflexion – c’était une étape essentielle. Et maintenant que c’est fait, ils se demandent pourquoi ils n’ont pas passé cette étape plus tôt.
Aujourd’hui la nouvelle phase de développement est largement amorcée avec 60 millions d’euros investis. L’entreprise se déploie sur un nouveau site avec un outil performant et moderne de sciage, des séchoirs pour le bois et une chaufferie biomasse pour maîtriser de bout en bout leur consommation d’énergie.
Au moment d’étrenner la nouvelle machine, ce n’est pas moins de quatre générations qui étaient réunies autour de ce geste artisanal et familial. Quand la première planche est passée dans l’outil, l’émotion était palpable. De la grand-mère Régine aux petits-enfants, chacun a signé cette planche, symbole d’un nouveau virage pour l’entreprise familiale Gaiffe.